Se relaxer avec un enfant de 3 à 6 ans... Est-ce possible?

« Je voudrais, quand même, qu’il/elle soit plus posé(e). J’espère que le yoga l’aidera. »  Voilà une phrase que j’ai entendu souvent au début de mes cours de yoga parent enfant à Carquefou. Parfois vous rajoutez, « j’essaie de faire du yoga avec lui/elle à la maison mais il/elle n’est pas très concentré(e). »

Pourquoi est-il difficile d’amener son jeune enfant vers la relaxation ?

Une des « erreurs » qu’on puisse faire est de penser que le yoga pour enfants et le yoga pour adulte doivent se ressembler. Et de vouloir que l’enfant fasse comme l’adulte.

Pourtant le rythme de l’adulte et le rythme de l’enfant n’est pas le même. Par exemple, leur rythme cardiaque et leur respiration est plus rapide que chez les adultes jusqu’à l’adolescence.

Avant l’âge de 7 ans, tandis qu’un adulte va approcher la pratique des postures du yoga par le détail (comment se positionner, comment faire les transitions, etc.), l’enfant va l’approcher dans sa globalité.

Quand aucune indication n’est donnée, il va bien plus « les vivre » et les prendre depuis ses ressentis, ses appuis, sa force centrale que nous adultes.

Nous n’avons pas, non plus, la même démarche pour ressentir notre corps et aller vers notre intériorité (ce qui est le propre de la relaxation). Nous, adultes, allons utiliser notre mental, la représentation que nous avons de notre corps et notre capacité à suivre des consignes sur les plusieurs dizaines de minutes d’une relaxation.

(On a beau dire, une relaxation guidée, c’est, au final, une personne qui parle qui invite et les pratiquants qui suivent (ou pas, bien sûr). Mais vous comprenez le principe…)

Le jeune enfant a besoin de sentir les différentes parties du corps concrètement pour y porter son attention. Ainsi les massages, les postures à deux où l’on est en contact, ou le passage d’une balle tactile sur les différentes parties du corps peuvent être des outils simples et utiles pour qu’il se détende.

Aussi, la détente ne vient pas sur commande. Il est bien nécessaire de bouger, de se défouler, de répondre à tous les besoins du corps et de l’âme pour que la détente puisse s’installer. Donc, je dis toujours qu’avant d’être capable de se poser, il faut avoir suffisamment bougé.

Enfin, il y l’imagination. Pour les enfants ce n’est pas la partie d’eux qui écoute et suit des « invitations/consignes » qui les aide à rentrer en eux. C’est l’entrée dans une histoire par l’imaginaire qui peut produire cet effet de contact avec son intériorité.

En un mot, ils ne fonctionnent pas comme nous. Alors autant l’accepter et faire en sorte que le yoga soit un terrain de rencontre.

A quoi s’attendre pendant la relaxation parent-enfant ?

nouLes jeunes enfants sont plus en contact avec eux-mêmes que nous, adultes.

Cela veut dire qu’ils vont exprimer leurs émotions et non les court-circuiter ou les balayer sous le tapis. Ils ont aussi moins de filtres, moins de possibilités pour se maîtriser.

S’ils se sentent excités ou inquiets, vous le saurez. Alors que nous les adultes, quand c’est le moment de la relaxation, on va s’allonger sagement indépendamment si on se sent vraiment prêt(e) dans l’instant.

Pour cette raison, je vous invite à adopter une vision très large et interactive de la relaxation. Si votre enfant a besoin de vous faire un câlin, vous pouvez (pas besoin de rester immobile), s’il cherche votre regard (en vous parlant et sollicitant), ouvrez les yeux, s’il parle un peu pendant la relaxation, vous pouvez le laisser faire et décider de répondre ou pas.

Sachez aussi que ce n’est pas parce que l’enfant bouge et parle qu’il n’écoute rien du tout à la relaxation et qu’il n’est pas dedans.

Comment se comporter pendant la relaxation en tant qu’adulte/parent ?

Avant la relaxation

On a vu que la relaxation ne s’impose pas. C’est pour cela que tout d’abord, c’est important que l’enfant soit, d’accord pour faire de la relaxation.

Après, c’est important qu’il/elle sache à quoi s’attendre.

Vous pouvez lui dire que c’est un temps calme. On va écouter une histoire dont nous sommes les héros. Elle va se dérouler sur notre écran intérieur.

Il est aussi nécessaire qu’il connaisse le cadre, les règles, l’intention.

On va se poser, se reposer et essayer de rester les plus attentif(ve)s possible. On écoute.

L’environnement et le doudou

L’invitation est de tout faire pour être bien dès le départ.

Demandez-lui de quoi il a besoin pour être bien ? Si pour lui avoir la couverture bleue est indispensable pour cela, il vaut mieux aller chercher la couverture bleue.

Demandez-vous la même chose ! C’est aussi un temps pour se faire du bien à soi.

A chaque fois qu’on découvre quelque chose, on se lance dans l’inconnu. Et cela peut être inquiétant. Votre enfant peut être curieux(se) et inquièt(e) en même temps. Finalement, lui/elle non plus ne sait pas comment ça va se passer. Donc s’il/elle veut son doudou, n’hésitez pas à le lui accorder.

Pendant la relaxation

Pendant la relaxation, vous êtes à la fois son exemple et sa base de sécurité. Cela n’est pas facile. A la fois, l’invitation est de rentrer dans la relaxation et dans l’histoire, vous aussi. Et en même temps de rester connecté(e) à votre enfant s’il/elle en a besoin.

C’est une intériorisation qui ne se coupe pas de l’autre. Ce n’est pas facile. Mais c’est possible.

Ce qui m’aide, moi, est de me placer dans un esprit d’ouverture à l’expérience. Je sais d’avance qu’il y aura des moments où ce sera comme je pensais et d’autres où ce sera tout à fait autre chose.

Ainsi, je ne me mets pas la pression.

Alors, c'est tout?

Non ! Il est très important de savoir que ce n’est pas parce que vous avez tout fait et posé une intention que votre enfant se comportera comme vous l’avez imaginé. Mais cela ne veut pas dire que la relaxation ne « fonctionne » pas.

C’est juste sa façon de vous enseigner comment accueillir l’imprévu. Le fameux instant présent.

Il/elle apprend la même chose parce que, je le répète, il/elle non plus ne sait pas comment ça va se passer pour lui/elle. Il/elle ne fait pas exprès de ne pas être calme. Il/elle exprime quelque chose.

L’invitation, vous l’aurez compris, est de rester en lien doux avec vous-mêmes et lui/elle.

De laisser l’expérience se dérouler jusqu’au bout. Et puis noter comment c’était pour vous, demander à votre enfant s’il/elle a bien aimé l’histoire.

Et voir si cela vous donne envie de la réécouter à un autre moment. Avec cette ouverture, que peut-être cela se passera pareil, ou pas…

Toujours la présence à l’expérience. Du yoga.

Namasté.

Mariann